La France Insoumise veut construire Le peuple de France

On a clairement passé un cap ce soir. Le peuple de France n’en est pas un. LFI veut le « construire », selon ses critères.

Tu as voté Macron ? Ce n’est pas grave. C’est parce que tu n’es pas encore un peuple. Mais ne t’inquiète pas, « non peuple » de France, la France Insoumise a un plan pour te « construire » et lorsque tu seras « construit » idéologiquement, tu seras le vrai peuple.

Le seul. Celui qui vote bien. Qui vote Mélenchon. Vraiment, cette façon de s’arroger, une fois de plus, le peuple et de prétendre le « construire » est grave.

Sans s’en rendre compte, ou peut-être sciemment, Corbière professe un catéchisme totalitaire. Le but premier des régimes totalitaires fut justement de vouloir « construire » un peuple. Le construire idéologiquement. Exactement ce que dit Corbière.

Ces régimes ont construit leurs peuples à coup de propagande. Et à coups de crosse, aussi. Sans rire, c’est vers ça que LFI veut aller ? Vraiment ? Construire un peuple ? En faire ce qu’ils veulent qu’il soit ?

Car celui qui a élu Macron et a rejeté Mélenchon ne leur plaît pas ? Vraiment, c’est inquiétant.

Même au temps de son stalinisme le plus aveugle, avec les camarades Thorez et Marchais, je n’ai pas le souvenir que le PCF ait tenu de tels propos. Ça permet de mesurer où en est arrivé LFI à force soutenances et d’auto-persuasion. Macron est illégitime.

Macron a volé la victoire du peuple. Et si le peuple ne s’en rend pas compte de lui-même, nous sommes là pour le construire. Pourvu que ce peuple Français qui a rejeté LFI ce printemps ne porte jamais ces gens au pouvoir à l’avenir.

Ce serait son dernier acte démocratique souverain. Ensuite ? Il serait « reconstruit » pour ne plus être tenté de changer d’avis.

2ème partie

Je suis accusé de manquer de culture par les serviles exégètes insoumis-corbiéristes qui interprètent sa volonté de « construire » le peuple à l’aune du contrat social de Rousseau et autres envolées du même tonneau pour défendre l’indéfendable.

Constituante, constituante, hurlent-ils pour défendre leur idole et travestir ses propos. On me sort les billevesées d’Iñigo Errejón. Le penseur modèle de Podemos qui a comparé Macron à un Caudillo néolibéral.

Construire le peuple serait le fait de lui donner une conscience politique. Ce n’est pas comme si l’on pouvait laisser le bénéfice du doute aux dirigeants de LFI. Depuis des mois maintenant, ils ne cessent de nous expliquer que le « vrai peuple » est dans la rue. Pas dans les urnes.

Hier soir, le masque est définitivement tombé. Il veulent construire le peuple. Pour que celui-ci ne se trompe plus, comme il s’est trompé au printemps dernier, aux présidentielles puis aux législatives. S’ils ont perdu, c’est que le peuple n’est pas construit comme il le faudrait.

Mélenchon ne dit pas autre chose quand il explique sans rire que si le Chavisme a échoué c’est parce que les pauvres, élevés dans la classe moyenne, ont eu des désirs de riches. Il pourrait tout aussi bien nous expliquer que le Castrisme a échoué car Cuba est une île, ou que le communisme Soviétique a échoué à cause de la guerre déloyale que lui a mené l’impérialisme occidental.

Les régimes totalitaires veulent tous « construire » le peuple. Lui donner une « conscience politique ». Pourvu que celle-ci les amène à ne pas remettre en question le pouvoir établi. Cela commence dans les organisations de jeunesse, et se poursuit dans les organes du parti unique. L’État est partout avec le citoyen, le citoyen n’est jamais seul.

Un peuple bien « construit » a une autre avantage : il n’est plus nécessaire de lui donner la parole dans les élections. Le pouvoir et le peuple étant parfaitement jumeaux, le peuple est au pouvoir. Le pouvoir est au peuple. Pourquoi voudriez-vous que nous demandions au peuple de voter, puisqu’il a acquis la conscience politique ultime.

Brejnev, Mao ou Honecker expliquaient sans s’étouffer que les élections étaient inutiles, le peuple ayant atteint le stade politique parfait.

Je n’ai pas besoin de monsieur Corbière, pas plus que de monsieur Macron ou de madame Le Pen pour me construire une conscience politique. Ce n’est surtout pas le rôle des politiques. C’est ici, dans cette idée, que germe le totalitarisme.

La conscience politique s’acquiert à l’école, dans les livres, dans les films, dans les journaux. Surtout pas dans les discours des hommes et des femmes politiques. Et le contrat social, ce n’est rien d’autre. Le corps collectif représenté par le peuple, élevé par les moyens honnêtes et impartiaux mis à sa disposition par la société, signe ce contrat avec ses dirigeants.

Alors quand j’entends les dirigeants LFI dire qu’ils veulent « construire » le peuple, je blêmis. Et quand en plus, leurs affidés viennent m’expliquer que je n’ai rien compris car il s’agit pour ces dirigeants insoumis de donner une conscience politique au peuple, je frémis. Car ils confirment mon interprétation.