Discours des « Gilets Jaunes » place de l’Opéra à Paris, le samedi 15 décembre 2018

Nous adressons cette allocution à l’ensemble du peuple français ainsi qu’à Monsieur le président de la République, Emmanuel Macron.

Voilà bientôt un mois que le mouvement populaire des gilets jaunes secoue la France.

Ce mouvement n’appartient à personne et à tout le monde.

Il est l’expression d’un peuple qui depuis 40 ans se voit déposséder de tout ce qui lui permettait de croire en son avenir et en sa grandeur.

Voilà 40 ans que président après président, élection après élection, les trahisons, les mensonges et les abandons se succèdent.

Oui Monsieur le président, nous sommes épuisés, oui nous sommes remplis de colère et nous n’avons plus d’autres moyens pour nous faire entendre que d’enfiler ce désormais célèbre gilet jaune.

Nous sommes épuisés par une pression fiscale colossale qui ôte à notre pays, à nos entrepreneurs, à nos artisans, à nos petits commerçants, à nos créateurs et à nos travailleurs toute énergie pendant qu’une petite « élite » échappe constamment à l’impôt.

Les prélèvements obligatoires représentent aujourd’hui 46% du PIB et les aides sociales un tiers du PIB annuel.

Pourtant, malgré cela, vous n’arrivez même pas à payer décemment les infirmières, les personnes handicapées, les militaires, les professeurs et tant d’autres que nous ne pouvons citer tant la liste est longue.

Nous n’avons donc qu’une question.

Où diable va cet argent ?

Notre instinct et nos yeux impertinents de simples français le voit bien.

A lire aussi :  A mesure que diminue la liberté économique et politique...

Cet argent part dans des privilèges indus, des commissions, des copinages, des retraites éternelles, des serviteurs à gogo, etc…

L’injustice est aujourd’hui criante alors que nous, français, sombrons dans la détresse économique.

Nous n’acceptons plus cette situation.

Nous vous le disons aussi.

Nous ne voulons pas vivre de vos aides.

Nous ne voulons pas vivre au crochet d’un Etat boulimique qui nous prend toujours plus et nous redonne toujours moins.

Nous voulons vivre libres, libres de pouvoir réellement jouir du produit de notre travail, libres de pouvoir créer et inventer sans voir fondre sur nous la patte terrible de l’administration et des impôts, libres de pouvoir payer des impôts raisonnables afin d’aider nos compatriotes dans la difficulté, libres de se loger et de vivre dignement.

Par conséquent, nous, gilets jaunes, exigeons une baisse sérieuse des taxes sur tous les produits de première nécessité : énergie, logement, transports, produits alimentaires, vêtements, etc… ainsi qu’une baisse significative de toutes les rentes, salaires, privilèges et retraites courantes et futures des élus et hauts fonctionnaires.

Mais notre colère ne repose pas que sur notre porte-monnaie si vide soit-il.

Notre colère est plus profonde.

Elle vient de ce que depuis des décennies nous, français, n’avons plus aucun contrôle sur la marche de notre pays.

Nous n’oublions pas le traité de Lisbonne adopté après avoir été refusé en 2007.

Nous n’oublions pas les 13 années depuis sans référendum.

Nous n’oublions pas les promesses jamais accomplies.

Nous n’oublions rien.

Vous avez dit Monsieur le président sentir le malaise démocratique dans le pays et c’est vrai, il existe.

A lire aussi :  Le Venezuela est post néo libéral

Mais que proposez vous pour le résoudre ?

Rien.

Car oui, nous le savons, rien ne vous dérangerait plus que de donner au peuple la possibilité de nous entendre.

Or nous sommes loin de quémander les miettes d’une démocratie que vous et vos élus voulez bien nous donner.

Nous venons donc avec une exigence concrète, afin de sortir de cette crise démocratique, présenter au peuple français par la voie du référendum, un texte visant à modifier la constitution, dans le but d’introduire le référendum d’initiative citoyenne en toutes matières.

Ce texte doit reposer sur 4 points :

1 – Donner au peuple le droit de déclencher un référendum en vue de modifier la constitution et interdire toute modification de la constitution sans passer par le référendum.
2 – Donner au peuple le droit de rédiger ou d’abroger une loi sur le sujet qu’il choisit.
3 – Donner au peuple le droit de demander un référendum sur toutes les lois votées par le parlement.
4 – Obliger le président de la république à présenter TOUS les traités, accords et pactes internationaux au référendum avant ratification.

Ce texte que nous avons rédigé n’a pas d’autres objectifs que de rendre au peuple ce rôle souverain.

Il ne cherche pas à mettre en danger la République ni à déstabiliser l’Etat.

Il n’est pas non plus irréaliste et démesuré.

Rendez-nous la maîtrise de notre destin.

Présentez ce texte au peuple français.

La décision lui appartient à lui seul.

Devant la salle du jeu de paume la dernière fois que nous avons fait cette allocution, nous avons fait le serment de ne jamais nous séparer avant d’avoir donné à la France et obtenu la présentation au peuple français par référendum, du RIC, toutes matières, du recul des privilèges d’Etat, et de la baisse des prélèvements obligatoires.

A lire aussi :  Macron : le va-tout libéral

Nous sommes pacifistes et nous le resterons mais sachez-le, même les baïonnettes ne nous ont pas fait déposer nos gilets jaunes.

Ils sont notre dernier habit et nous ne voulons pas être nus devant nos enfants.

Monsieur le président de la République, vous avez dit vouloir résoudre le malaise démocratique de la France.

Alors, entendez cette injonction du peuple.

Rendez-nous notre liberté et notre souveraineté.